In bed with Macron

Bonne idée que d’avoir écarté Christophe Barbier de la direction de la rédaction de L’Express en 2016. Sauf que, du coup, maintenant plus encore que par le passé, ce journaliste politique à l’éternelle écharpe rouge squatte les plateaux télé pour livrer ses analyses politiques de haut vol. Éditorialiste (et conseiller éditorial), c’est d’ailleurs désormais très officiellement son poste au sein de SFR Média (proprio de L’Express et de Libération) et c’est à ce titre qu’on le retrouve sur BFMTV, qui appartient au même groupe. Il hante également le plateau de C dans l’air sur France 5. En 2017, on l’a vu très chonchon après la victoire à la primaire de Benoît Hamon : « J’espère qu’il en a bien profité parce que c’est fini ». Et très admiratif de la résilience de François Fillon. Ce qui est sûr, c’est que chez Christophe Barbier, il n’y a de rouge que l’écharpe.

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Pour La Voix du Nord, il est tout simplement « Président ! » et pour Le Courrier picard, nuance, « Vraiment Président ». Pour l’allemand Die Zeit, c’est carrément « Le sauveur » (« Der Heiland »). Vous l’aurez compris, Emmanuel Macron, 42 ans désormais, est un individu de type président de la République et du genre adoré par les médias. À ses débuts du moins.

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Ancienne collaboratrice de Claude Bartolone et d’Arnaud Montebourg, Sibeth Ndiaye a été attachée de presse d’En marche pendant la campagne présidentielle en 2016-2017. Sitôt Emmanuel Macron élu, elle est nommée conseillère chargée des relations avec la presse à l’Élysée et participe activement au verrouillage de la com présidentielle et à la relation de défiance qui s’instaure avec les journalistes. En mars 2019, elle est nommée secrétaire d’État, porte-parole du gouvernement, même si les mauvaises langues disent que c’est la parole de Macron qu’elle continue de porter.

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Passée par TF1 et LCI, c’est sur BFMTV que Ruth Elkrief accède au vedettariat journalistique et donne toute sa mesure. Au titre de ses distinctions (on ne parle pas de sa Légion d’honneur remise par Christine Albanel en 2008), on retiendra cette question au directeur du Canard enchaîné à la suite de ses révélations sur l’affaire Fillon : « Avez-vous l’intention de feuilletonner longtemps ce poison lent qui influe sur l’élection ? » Ou bien celle-ci, à Jean-Luc Bennahmias : « Mettre fin au diesel, est-ce que ce n’est pas une question de bobo ? » Ou encore cette indignation après la conférence de presse de François Fillon le 6 février : « Il y a une demande parfois un peu totalitaire de transparence. » Sans oublier, bien sûr, son scoop sur la candidature de François Bayrou démenti quelques instants après.

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Le dimanche 14 mai, jour de l’investiture de son champion, elle n’a pas monté les marches de l’Élysée avec la troupe des communicants d’Emmanuel Macron. Le rôle de l’ancienne correspondante de Canal+ à la Maison-Blanche, officiellement porte-parole d’En marche, semble d’ailleurs mal défini. Mais quand il s’agit de faire la retape d’Emmanuel Macron, vous pouvez compter sur Lolo. Notamment sur Twitter, dont elle est une fervente quoique parfois déconcertante utilisatrice. Le 4 mai, postant le message de soutien de Barack Obama à Emmanuel Macron, elle tweetait : « Breaking news du jour. » Le 12 juillet 2017, breaking news, elle annonce quitter En marche.

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À lire la production journalistique sur Édouard Philippe, nous avons appris les choses suivantes : il a une barbe, il est grand, il fait de la boxe depuis la mort de son père, il nage dans la mer, il écrit des romans un peu cochons, il a voté contre la loi renseignement mais s’est abstenu sur celle sur le mariage pour tous, il a travaillé dans le nucléaire chez Areva, il a été administrateur de la branche française de la banque en faillite Dexia, il aime Bruce Springsteen mais pas Nicolas Sarkozy avec qui il aurait eu une séance de bourre-pifs, il attend le prochain Star Wars avec impatience, il a révisé son oral pour l’ENA dans le bureau de Jean-Luc Mélenchon, il a écrit des méchancetés sur Emmanuel Macron dans Libération, il n’aime pas qu’on lui demande de détailler son patrimoine, il a été un peu feignasse à l’Assemblée nationale. Il est du Havre et de droite.

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À 52 ans (wow, le vieux), Christophe Castaner est déjà un ancien macroniste – il a même été rapporteur de sa loi sur les bus en 2014. Orné d’une barbe, issu du Parti socialiste, puis porte-parole d’En marche, il a ensuite occupé la même fonction mais pour le gouvernement. C’est-à-dire que chaque mercredi au sortir du conseil des ministres, il faisait le résumé de la réu sur fond bleu. Super boulot. Le 18 novembre 2017, il est devenu délégué général de La République en marche et a laissé sa place au porte-parolat à Benjamin Griveaux, avant – superbe ascension – de devenir ministre de l’Intérieur en octobre 2018

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En 1997, Bruno Roger-Petit concluait un JT de la nuit de France 2 en balançant ses fiches, manière de dire ce qu’il pensait de la politique éditoriale de la chaîne. Un an après – et une interview à Technikart où il mettait des mots sur son geste –, il est viré. S’ensuit une longue période faite de stations diverses dans des médias variés où Bruno Roger-Petit se peaufine peu à peu un profil d’éditorialiste vaguement polémiste biberonné à deux références : Mitterrand et le PSG, ses deux grandes passions. Il rôde ici et là (feu Le Post, plateforme participative où chacun peut ouvrir sa bouche, Le Plus, émanation équivalente de L’Obs, i-Télé/CNews…) puis se pose à Challenges où il débite de l’analyse politique qu’il promeut assidûment sur Twitter dont il est un fervent pratiquant. Et c’est sa voyante ferveur pour Emmanuel Macron qui, à 54 ans, le mène à l’Élysée poursuivre son étonnante carrière. Rebondissement baroque en octobre 2018 : il est nommé « conseiller mémoire » du Président et dégagé de la communication en remerciement de ses bonnes œuvres benallesques.

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Nemo, c’est assurément un gage donné par Emmanuel Macron aux électeurs de gauche. Si, si, la preuve : non seulement, c’est un bâtard (griffon et labrador), mais c’est en plus le premier chien élyséen issu d’un refuge de la SPA quand les précédents hôtes faisaient dans le toutou de race. Son arrivée fin août dans son nouveau refuge – et ses apparitions au côté de son maître – ont donné lieu à une abondante production journalistique qui redonne espoir en notre noble profession à l’heure où Bruno Roger-Petit quitte notre corporation pour devenir porte-parole d’Emmanuel Macron. Christophe Castaner, porte-parole, lui, du gouvernement, a fait ce commentaire auprès de BFMTV : « Emmanuel Macron a déjà un lien très affectueux avec son chien Nemo. » Manquerait plus qu’il le morde.

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Spécialiste des têtes couronnées et promoteur d’une marque de vérandas, Stéphane Bern vient de réussir à réunir ses deux passions : Emmanuel Macron l’a chargé d’une mission visant à recenser les monuments du patrimoine français en péril. Mission bénévole, a précisé Stéphane Bern, histoire de couper l’herbe sous le pied de ceux qui penseraient que sa proximité avec le Président – l’animateur frisouillé était présent à La Rotonde au soir du premier tour – lui valait tel privilège : PAS. DU. TOUT.

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C’était Noël avant Noël. Le 17 décembre 2017, le taiseux Emmanuel Macron ouvre grand les portes de son palais à Laurent Delahousse pour un exercice journalistique périlleux qui marquera l’histoire mouvementée des relations entre la presse et l’Élysée : une interview déambulatoire. Le journaliste de France 2 et le président de la République ont cheminé de pièce en pièce au fil des questions inimitables de Laurent Delahousse, du style : « Vous dites c’est faux ou vous dites c’est un peu vrai ? » Un épisode crucial et fortement chargé en bogossitude d’In bed with Macron à lire ici.

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Sacrée pif que celui de Michèle Marchand, dite « Mimi » dans le milieu, la patronne de l’agence photo Bestimage : elle a décroché un « contrat d’exclusivité moral » (dixit Sylvain Fort, conseiller com de Macron pendant la campagne présidentielle) avec le couple Macron qui lui octroie un accès privilégié à ses coulisses. Manière de couper l’herbe sous le pied des autres paparazzi. Le deal a notamment donné lieu à 19 magnifiques pages dans Paris Match en novembre 2017, à la gloire du président de la République, recensées dans cet épisode d’In bed with Macron.

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C’est la première fois qu’un Président accordait une interview à Jean-Pierre Pernaut en son 13 heures, où va se nicher la « disruption » macronnienne… Et c’est précisément pour s’adresser à ce public, majoritairement rural et retraité, qu’Emmanuel Macron s’est déplacé le 12 avril dernier dans une école d’un village normand, Berd’huis, images de mignons enfants à l’appui. Sans problème, le Président a pu se glisser dans les sabots de Pernaut et de sa France à l’esthétique tirée d’un antique calendrier des PTT. Et répondre à ses patelines questions comme autant d’obsessions pernautiennes : retraites, pouvoir d’achat, 80 km/h… À la fin Jean-Pierre Pernaut avait l’œil luisant de reconnaissance.

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Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin : tel est le duo inédit qui a interrogé 2 h 30 durant Emmanuel Macron le 15 avril dernier pour un entretien diffusé sur leurs médias respectifs, Mediapart et BFMTV. Les deux sont venus sans cravate – ça leur a été reproché… – et, pire crime encore, n’ont pas servi à Emmanuel Macron du « Monsieur le président de la République ». Houlala, houlala.

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Issu de la branche strausskahnienne de la Macronie (comme Ismaël Émelien et Cédric O), Benjamin Griveaux, 40 ans (« Huit jours d’écart » avec Emmanuel Macron, aime-t-il à préciser), fait partie des fondateurs de la planète En marche qu’il rejoint dès 2015. Ce qui lui vaut désormais cette place de choix : porte-parole du gouvernement, un poste où il a succédé à Christophe Castaner en novembre 2017. C’est donc lui qui, à l’issue de chaque conseil des ministres, rapporte ce qui s’y est dit auprès des journalistes. On lui prête l’intention de briguer la mairie de Paris en 2020. Sinon, monsieur n’est pas sectaire, a-t-il confié à Paris Match : s’il aime le rock (Nirvana, Kavinsky, Polnareff…), il est allé voir Julien Clerc en concert.

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Joseph Zimet a été nommé en août 2019 à la com de l’Élysée avec la mission de fluidifier les relations, assez médiocres, entre Emmanuel Macron et les journalistes qui le suivent. Son fait d’armes est d’avoir institué une réunion à peu près hebdomadaire où il réunit les « suiveurs » et leur délivre en « off » la pensée d’Emmanuel Macron mais aussi explicite tel ou tel déplacement. À 46 ans, cet historien de formation s’occupait précédemment de la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale. Il en a gardé un goût pour la chose militaire qui transparaît parfois dans les accents guerriers qui suintent des discours d’Emmanuel Macron. Il a, au contact de la presse élyséenne, hérité du surnom de « Jay Z » bien que groovant moyennement.

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